« (…) les chiens et chiennes gonadectomisés préventivement ont une probabilité >2x à 4x plus grande de montrer des comportements d’agression envers les membres de la famille. Et cette probabilité monte encore s’ils sont gonadectomisés précocement. »
– DEHASSE Joël, vétérinaire comportementaliste belge
A notre époque, il est courant de faire stériliser son chien. Parce que nos parents l’ont fait. Parce que les chiens que nous avons connus l’étaient. Parce que le vétérinaire l’a recommandé. Parce que c’est une chirurgie dite « de convenance », à laquelle il « convient » donc de recourir, tout simplement. Souvent, d’aucun recommande de procéder à cette opération avant ou après les premières chaleurs pour la chienne ; dès ses 6 mois pour le mâle. Après tout, il ne faudrait pas laisser à celui-ci l’opportunité de se montrer « dominant » envers nous ou d’adopter des comportements agressifs, sous quelque forme que ce soit… Et si je vous disais, au contraire, que non seulement la dominance interspécifique n’existe pas (nous y reviendrons dans un prochain article), mais qu’en plus la stérilisation augmente considérablement le risque d’agressions ? Et si je vous disais que cette opération dite « de convenance » pouvait grandement nuire à la santé de votre animal et le rendre immature sur le plan comportemental ? A combien s’élève le nombre de vétérinaires qui, aujourd’hui, expliquent à leurs clients la procédure, les avantages et l’ensemble des risques et effets secondaires associés à cette pratique ? Plus dramatique encore, peut-être, combien d’entre eux le savent-ils ? Vous êtes-vous jamais demandé ce que le terme « stériliser » signifiait concrètement ? A quel bouleversement nous soumettions l’organisme de notre chien, qui, du jour au lendemain, se retrouve privé de son principal site de production d’hormones sexuelles ? Serait-ce là une réponse si saugrenue que de formuler : « probablement la même chose que ce qu’il adviendrait à une fillette, à l’aube de sa puberté, à qui l’on ôterait les ovaires » ? Et si l’on demandait leur avis aux castrats (enfants de sexe masculin qui ont subi une castration) ?
« L’impubérisme induit par la castration se traduit à la fois par la stérilité et par l’absence des caractères sexuels secondaires (…) D’autres particularités, plus spectaculaires et pour cette raison abondamment soulignée par les commentateurs, sont cautionnées par la médecine, sans pour autant être systématiques, ni même habituelles : la tendance à l’obésité, qui épargne la jeunesse du castrat ; la gynécomastie, c’est-à-dire le développement plus ou moins important des seins. Enfin, certaines séquelles démontrent, même si elles sont plus rares, combien la nature est violentée : faute de testostérone, les hormones de croissance peuvent être suractivées et provoquer le gigantisme et l’acromégalie, une hypertrophie de la tête et des extrémités (…) ; un déficit de testostérone augmente le risque d’ostéoporose ; son absence peut aussi occasionner un déficit du système immunitaire. (…) le castrat est un homme inachevé, partiellement asexué (…). « – Bernard Schreuders (Forum Opéra)
Qu’est-ce que la stérilisation ?
Le terme stérilisation désigne l’acte, accidentel ou intentionnel, par lequel la procréation est rendue (définitivement) impossible. A aucun moment, il n’est spécifiquement question d’ablation des testicules (glandes sexuelles ou gonades mâles) ou des ovaires (glandes sexuelles ou gonades femelles). A la base, la stérilisation ne revêt qu’un seul et unique objectif : empêcher la reproduction. N’existe-t-il pas d’autres moyens permettant d’atteindre le même but, sans qu’un retrait des gonades ne soit obligatoire ? Comment vous prémunissez-vous d’une grossesse non désirée lors de vos rapports sexuels ? Je vous le donne dans le mille : il n’existe pas qu’une seule façon de stériliser son chien (nous y reviendrons). Or, lorsque vous « causez » stérilisation avec votre vétérinaire, la plupart du temps, c’est bien de gonadectomie (retrait des glandes sexuelles) dont il s’agit.
Oui, mais mon vétérinaire a dit que…
… cela diminuerait les comportements agressifs de mon chien.
… cela prémunirait ma chienne des tumeurs mammaires, d’un cancer de l’utérus et des pyomètres.
… cela empêcherait mon chien de fuguer.
Et il serait tellement tentant de le croire ! Un coup de bistouri, et voilà votre chien devenu aussi doux et docile qu’un agneau, protégé de ces terribles maux !
Certes, votre chienne ne risquera plus de souffrir d’un cancer de l’utérus ou d’un pyomètre (infection utérine), puisque – roulements de tambour – son utérus aura été retiré. Pour reprendre une célèbre phrase parmi les cinéphiles, « Pas de bras d’utérus, pas de chocolat cancer ou infection de l’utérus. » Merci Einstein ! Mais alors, quel problème y aurait-il à laisser les ovaires en place ? La réponse est simple : aucun. Il est tout à fait possible de ne procéder qu’à une hystérectomie (retrait de l’utérus) en lieu et place d’une ovariectomie (retrait des ovaires) ou d’une ovario-hystérectomie (retrait des ovaires ET de l’utérus).
Bon, maintenant que j’ai « posé le cadre », capté votre attention et ouvertement témoigné de mon agacement vis-à-vis de la pratique de nombreux vétérinaires (heureusement, tous ne sont pas concernés), calmons quelque peu nos ardeurs – ou plutôt les miennes – et remettons l’église au milieu du village !
un régal pour les yeux !
Ton commentaire serait encore plus apprécié si tu avais vraiment lu l’article ! Hahaha